INTERVIEW DE ROHÂN HOUSSEIN
28/04/2021
Mêlant la peinture, la poésie, la danse et la musique à son art, Rohân HOUSSEIN est un artiste aux multiples facettes qui s’inspire de ses voyages, de la spiritualité comme de l’amour dans ses œuvres. Découvrez à l’aide de cette interview ce jeune artiste dont les premières œuvres qui lui permirent de lancer sa marque de vêtements furent réaliser avec de la peinture Pébéo.
POUVEZ-VOUS NOUS DIRE QUI VOUS ÊTES ET COMMENT VOUS ÊTES DEVENU ARTISTE ?
Je m’appelle Rohân, artiste géo-poétique. Ce terme est inspiré du voyageur Ibn Jubayar qui considérait le voyage comme source d’inspiration pour ses écrits. L’art a toujours fait partie de ma vie car je dessine depuis l’âge de 3 ans. En grandissant et en m’ouvrant sur le monde, d’autres composantes se sont intégrées naturellement à mon identité artistique. À 8 ans l’écriture est arrivée, puis la découverte de la culture Hip-Hop à l’adolescence a été une manière d’assumer une certaine polyvalence et de ne mettre aucune barrière à la créativité (dessin, rap, danse…). Vers 16 ans lors d’un voyage en Inde j’ai réalisé mon premier documentaire vidéo, ce qui m’a fait prendre conscience de la puissance émotionnelle de ce format, et de cette nouvelle corde à mon arc.
QUEL EST VOTRE PARCOURS ?
Au lycée, j’ai créé ma marque de vêtements customisés. C’est en voulant porter mes propres créations que j’ai découvert en fouillant dans les placards de ma mère les pots de peinture de la gamme Pébéo Sétacolor. J’ai appliqué la peinture sur une éponge puis j’ai tamponné un pochoir sur un t-shirt. J’ai adoré le résultat et j’ai compris que j’avais désormais un nouveau support d’expression. Ce projet me suit désormais depuis 10 années et l’ADN de la marque s’est constituée au gré des voyages et des rencontres. Après le bac, j’ai étudié la médecine à la fac de la Timone à Marseille. La première année obtenue, j’étais sur les rails pour devenir docteur. J’ai toujours été bon élève et c’est la combinaison d’une pression familiale et d’un hommage à un ami malade à l’époque, qui m’avait conduit à faire ce choix. En 2011 après le décès de cet ami lorsque j’étais en 3e année, j’ai commencé à me poser des questions. Je suis parti à New-York pendant les vacances d’été, et pour la première fois j’ai pu recevoir un feedback très positif sur l’ensemble de mon travail artistique qui jusqu’alors n’était rangé que dans la case « passions ». J’ai pu effleurer mon rêve : un shooting sur les toits du Queens pour ma marque, la réalisation d’un clip d’une de mes chansons de rap… Et je me suis complètement senti à ma place. En rentrant de NY, je reçois un coup de fil d’une boîte de production pour une émission de TV sur France 2 qui prévoyait d’envoyer des jeunes commenter l’actualité mouvementée de 2011. Mes origines syriennes et mon intérêt pour le mouvement des révolutions arabes ont fait que j’ai été sélectionné pour partir réaliser un reportage en Libye. Fin août, je m’envole à Tripoli aux côtés du célèbre reporter de guerre Grégoire Deniau, à essuyer les balles de snipers dans le chaos d’une Libye en plein conflit. L’aventure ne dure qu’une semaine mais chaque jour est une leçon de survie. À mon retour, après quelques mois d’externat en 4e année de médecine, je décide d’interrompre mes études et de me consacrer pleinement à un Art salvateur, utile, en perpétuelle quête de vérité, de paix et de beauté.
QUEL EST VOTRE UNIVERS?
QUEL EST VOTRE UNIVERCertains logos de ma marque sont présents dans mes œuvres comme les fleurs d’Hibiscus, le Taj Mahal, ou un papillon jaune stylisé, symbole d’émancipation et de liberté. La guerre, la paix, l’amour universel, la beauté féminine, l’identité et la géo-poésie sont mes thématiques phares. Je suis fasciné par les courbes, la fluidité du mouvement, les couleurs turquoise comme la mer, or et sable du désert, violettes comme les nébuleuses et galaxies. La spiritualité ayant également une place prépondérante dans mon art, je dessine souvent des derviches tourneurs (danseurs mystiques soufis pourvus de grandes robes blanches) pour justement étudier en profondeur la notion de courbes et de rotation. La calligraphie arabe est aussi souvent présente, en harmonie avec la chevelure d’une femme « rayon de lumière divine » comme dirait le poète Rûmi.S;
QUELLE PLACE OCCUPE LA PEINTURE DANS VOTRE ART ?
On est éternellement marqué par son premier Amour. Il en est de même avec la peinture, le dessin. Tout ce que je fais est appréhendé comme de la peinture. Lorsque j’écris une chanson, que je réalise un clip, j’entame le même processus créatif, coloré, dynamique et libre en substance. « Tout est courbe, tout est dessin, tout est question d’accomplir son dessein en suivant son destin. » Mais très régulièrement, lorsqu’une musique inspirante passe dans mon appartement et que mon corps exige un mouvement de pinceau, il y’a toujours une toile qui traîne pour pouvoir entrer en communion avec la peinture. Je suis également sollicité pour réaliser des fresques murales pour des particuliers.
QUELLES ONT ÉTÉ ET SONT VOS INFLUENCES ?
L’orientalisme de Jean-Léon Gérôme, Étienne Dinet ou Delacroix.
Le Surréalisme de Dali, ou de Frida Kahlo qui à la visite de son exposition à l’orangerie en 2013 m’a octroyé le droit de libérer d’avantage ma douleur à travers l’art. J’ai pu grâce à elle et son rapport à la souffrance, donner plus de force à certains tableau notamment ceux réalisés en hommage à la Syrie.
Le Pop-Art de Basquiat, Warhol et Keith Haring.
La littérature moyen-orientale influence également mes travaux picturaux comme certains écrits des poètes Rûmi, Omar Khayyam ou encore Khalil Gibran.
QUELS PRODUITS PÉBÉO AFFECTIONNEZ-VOUS EN PARTICULIER ?
Symboliquement, beaucoup d’affection pour Pébéo Sétacolor dont les petits pots ont accompagné l’évolution de ma marque de vêtement depuis 2006. – Studio Acrylics, 4artist marker. La découverte de la gamme Mixed Media ouvre un champ des possibles extraordinaire qui me fait découvrir de nouvelles émotions !
POUVEZ-VOUS PARTAGER AVEC NOUS UNE ANECDOTE ARTISTIQUE ?
Matinée de mai ensoleillée. Les doigts pleins de peinture dans mon atelier, la fenêtre entrouverte amène les cris des passants. En préparation de ma journée, je classe mes pochoirs et rebouche les petits pots Pébéo. Un message sur mon téléphone de mon meilleur ami Husni me rappelle que la chanteuse Ayo est de passage dans la Fnac du centre-ville sur les coups de 13 h. Enchanté par cette nouvelle, je pense déjà à lui offrir une création. Je m’empresse de me rendre au magasin de vêtement le plus proche pour acheter un débardeur blanc. Je rentre chez moi, le timing est bon, et j’aperçois à la porte de l’immeuble Ashley, une amie américaine qui vient récupérer une commande. Dans mon pas pressé, je lui propose de m’accompagner à ce rendez-vous musical. Elle accepte et nous montons chez moi afin de réaliser le débardeur pour Ayo. Ashley m’observe attentivement à l’œuvre, traçant les pétales d’hibiscus au pinceau, manipulant soigneusement les couleurs pour reconstruire un assortiment de motifs épurés. Pour finir, j’écris le nom «Billie-Eve» en italique, avec une pointe de rose clair. Ce nom est celui de son dernier album, mais également celui de sa fille, apposant Billie, le nom de sa première guitare et Eve celui de la première femme, le tout formant la sonorité «Believe», croire. Arrivée dans l’espace show-case de la Fnac : Élégance. Tact. Beauté. Des mots subtils, dissociés, parcourent mon esprit quand cette femme svelte coiffée d’une afro harmonieux apparaît. Elle s’empare de sa guitare, et d’une voie douce salue l’assistance. J’effleure un nuage par sa mélodie. Mon œil droit se gorge de larmes et j’oublie quelques minutes les tracas du quotidien. Le petit concert se termine, les organisateurs placent une table pour une séance de dédicace. Je me lève de ma chaise et me trouve le premier face à Ayo, qui finit de boire une gorgée d’eau. Elle me lance un sourire en me disant «ça va?» en jetant un oeil sur le papillon dessiné sur mon Tshirt. Je m’approche de la table, et lui répond d’un sourire d’enfant « Oui, ça va, merci Ayo. Thank you for all these emotions « Je lui explique que je suis une sorte de designer sur vêtements, elle me félicite pour ce que je porte et lui annonce que j’ai réalisé un petit cadeau pour honorer son passage à Marseille. Je sors le débardeur de mon sac et lui tend. Son visage s’illumine et elle exprime un sentiment de gratitude en voyant les couleurs, et le nom de sa fille qu’elle caresse doucement en laissant échapper « C’est tellement beau…» Des sourires sont échangés, de nouveaux remerciements, puis elle enfile le vêtement pour que je puisse l’immortaliser en photo avec cette pièce unique. Ultime au revoir, toujours avec le sourire. Je quitte la salle avec Ashley, imbibé d’émotions par l’intensité de cet échange humain.
EST-CE QUE VOUS AVEZ UN PROJET ARTISTIQUE QUI VOUS TIENT À CŒUR ?
Réaliser un clip vidéo d’une chanson extraite de mon album qui sortira à la fin de l’année. Il s’agit d’un titre dans lequel je mentionne Pébéo, que je souhaiterais tourner dans les Caraïbes, mettant en scène un événement sur la plage avec des personnes qui peignent dans la joie une grande fresque avec les produits de la marque.
Réaliser une grande fresque dans chaque nouveau pays dans lequel je voyage en immortalisant le processus par une vidéo.
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